MA MAISON mars 2018

Jeune directrice artistique dans
une agence de pub parisienne,
Virginie Lobrot a les mains qui la démangent. « J’avais
envie de faire travailler mes mains et d’être indépendante
», reconnait-elle. Après 5 ans chez Publicis, Virginie
Lobrot quitte Paris pour Decazeville (Aveyron)
suivre un CAP Tapissier d’ameublement. Sa reconversion
est enclenchée et définitive.
Après ses 9 mois de formation, plus question de
vivre à Paris. La tapissière décoratrice s’installe à son
compte en 1998 à Toulouse. Elle restaure et conçoit
des fauteuils, décore murs et fenêtres à l’aide de
tissus, rideaux, coussins, têtes de lit… Son activité
connaît des hauts et des bas jusqu’en 2008. « Avec
la crise, j’arrivais à peine à payer mon comptable. »
Mais elle ne lâche pas.
Chaque année elle se rend au salon Maison & Objet
à Paris, rendez-vous incontournable des éditeurs de
meubles et de tissus du monde entier. En 2010, c’est
le déclic. Depuis tout ce temps qu’elle a des idées
pour créer des meubles, pourquoi ne créerait-elle pas
un fauteuil ? Elle travaille dur sur ce projet. Elle y met
ce en quoi elle croit : du style, du confort et du made
in France. « Je voulais quelque chose de simple, de
facile à vivre et de confortable. Combien de fauteuils
qui n’étaient pas confortables sont passés entre mes
mains ? Je ne voulais pas d’une assise trop profonde,
comme celle des canapés à la mode. Ils sont très
bien pour s’allonger, mais pour s’assoir c’est impossible
sans empiler des coussins dans son dos. Je
voulais un fauteuil qui s’adapte à la morphologie de
chacun. Le dossier de mon fauteuil s’incline, ainsi le
dos est maintenu. C’est un confort qui n’est pas statique.
Quelle que soit sa position, on y est bien. Côté
structure, je voulais du bois local, pas de bois exotique.
Enfin, je voulais un fauteuil démontable, simple
à expédier. Pour cela, j’ai puisé mon inspiration dans
le mobilier de campagne de l’armée napoléonienne. »
Virginie Lobrot travaille avec des artisans de la région
: un ébéniste, une couturière, un tisseur pour les
lins et un sellier pour les sangles de cuir. Les coussins
sont réalisés en France sur-mesure.
C’est ainsi qu’en 2011, au salon Maison & Objet,
elle présente deux prototypes sur le stand d’un ami.
« Ça accrochait, les gens en parlaient. » Rassurée, elle
passe à l’étape suivante. « J’ai cassé ma tirelire. » En
2012 Virginie Lobrot crée la marque Temps libre et
se réserve au salon Maison & Objet un stand pour
elle toute seule. Dès l’ouverture, le succès est immédiat.
« C’était incroyable », se souvient-elle. Le premier
client arrive pour l’export, les premières ventes
s’enchainent. Ça a marché. Depuis, elle renouvelle sa
présence sur les salons
tous les ans. Son fauteuil
s’inscrit dans une collection
qu’elle fait évoluer à
la demande.
Aujourd’hui l’atelier de
Virginie Lobrot, quartier
de la Roseraie à Toulouse, aimerait pousser
les murs. « Il me demande parfois d’être un peu
contorsionniste », avoue-t-elle. Son mobilier est expédié
en France, en Suisse, aux États-Unis… Après lui
avoir confié le mobilier de l’hôtel des 3 Poussins à
Paris, l’architecte Philippe Maidenberg lui commande
des fauteuils en cuir pour l’hôtel le 34 B. Une boutique
de New York vend très bien sa chaise de salle
à manger. En Suisse, pour meubler les chambres
de l’hôtel Krone, on lui commande
des fauteuils bas avec
repose-pieds, des chaises de
bureau, des tabourets… le
tout en cuir naturel. À Toulouse,
elle est distribuée chez
Schmit Décoration et chez IN
EX TOO (Labège et Toulouse).
« Parfois l’aventure m’a donné le vertige, confie l’artisane.
Mais on y arrive toujours. Quand on fait ce qui
nous plait, on a plus de chance que ça marche.

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